Dumuzid

Malgré le niveau de vie et l'éducation plus que correcte de la classe moyenne d'Inurnim, Dumuzid ne s'est jamais découvert qu'un seul talent, le seul qui compte à ses yeux : une impressionnante habileté au jeu.

Peu importaient les règles du pari, ses enjeux ou sa soi-disant "immunité aux tentatives de triche", il a toujours excellé à analyser puis manipuler ses adversaires, si bien qu'il peut se targuer d'être toujours ressorti vainqueur des parties les plus importantes.

En fait, il n'y a qu'une seule partie qu'il n'a pas gagné, bien qu'il n'ait pas l'impression de l'avoir perdue non plus. Une nuit, alors qu'il avait quitté sa famille depuis longtemps et qu'il résidait dans les bars et casinos clandestins des égouts d'Inurnim, tâchant de se faire discret, on lui proposa un étrange marché.

Il devait choisir entre 3 bouteilles d'un contenu rouge éclatant, l'une remplie de poison, l'autre d'un vin étranger hors-de-prix, et la troisième d'un contenu plus précieux encore. L'accord était le suivant : seulement après avoir bu une lampée de l'une des trois, il pourrait toutes les garder.

Seulement l'homme était si facile à déchiffrer qu'il n'y avait même pas de risque à prendre, la bouteille mortelle était évidente. Dumuzid prit donc une gorgée de l'une des deux autres, et instinctivement il sut ce que c'était : du sang de Cellyon pur.

Aussitôt, la puissance fusa dans ses veines et alors que son adversaire contenait un sourire satisfait, il sentit des changements s'opérer dans son corps.

Depuis toujours il avait méprisé la prétendue candeur et bien-pensance des citoyens d'Inurnim, leur déni des émotions élémentaires auxquelles nul ne pouvait échapper. Il ne s'était jamais senti chez lui que dans les bas-fonds, où les gens laissent libre court à leurs pulsions, et il sut que grâce au sang il pourrait élargir son domaine à toute la ville, s'emparer des richesses et réduire les hypocrites à leur plus bas instincts.

La quasi-totalité des joueurs d'Inurnim lui devaient de grosses dettes de jeu, il était temps qu'ils s'en acquittent.